Les Grandes Étapes de la Codification Française

Temps de lecture : 3 minutes.

L’Ancien Régime

La codification française n’a pas commencé en 1804, mais puise ses racines dans l’Ancien Régime :

  • Le « code du Roi Henri II », qui constitue une première compilation du droit applicable. Initié par une ordonnance royale de 1579 et achevé en 1587 ;
  • Les grandes ordonnances de Colbert :
    • 1667, sur la procédure civile ;
    • 1669, sur les eaux et forêts ;
    • 1673, sur le commerce ;
    • 1681, sur la marine et
    • 1685, sur l’esclavage (le « code noir »).

Enfin, notons l’apport incontestable de la réflexion philosophique et juridique : Montesquieu, Rousseau, Voltaire… et Beccaria.

Cesare Beccaria tient ici une place évidemment singulière.
Cesare Beccaria tient ici une place évidemment singulière.

Les Codes Napoléoniens

Napoléon Bonaparte est à l’initiative de cinq grands codes, organisés comme pour le Code de Justinien en Livres, Titres et Chapitres :

  • 1804, le Code civil ;
  • 1806, le Code de procédure civile ;
  • 1807, le Code de commerce ;
  • 1808, le Code d’instruction criminelle ;
  • 1810, le Code pénal.

Cette codification est le fruit d’une évolution de la pensée juridique et notamment de l’œuvre de Jean-Jacques-Régis Cambacérès.

Source : The McGill University Napoleon Collection - François Séraphin Delpech
Source : The McGill University Napoleon Collection – François Séraphin Delpech

La « Codification Dispersée »1 de 1815 à 1948

Ces codes matérialisent la réussite de démarches isolées et ne s’inscrivent pas dans une vision d’ensemble.

On peut notamment relever :

  • Le code forestier de 1827 ;
  • Le code rural, initié en 1815 et codifié seulement à compter de 1881,
  • Le code du travail, dont l’élaboration commence en 1901, jusqu’à la publication d’un dernier livre en 1927.

Quelques textes se verront également affubler du terme « code » sans pour autant revêtir le caractère abouti d’un véritable travail de codification. Tel est le cas du code du blé, du code du vin ou encore du code de la famille.

On assiste même à une décodification du droit français, particulièrement évident et regrettable en droit commercial.

 « Les grandes lois sur les sociétés commerciales et le règlement judiciaire, par exemple, sont demeurées en dehors du Code de commerce de 1807, de sorte que celui-ci avait perdu environ les trois quarts de son volume initial et ne traitait plus que de questions relativement mineures. »2

La « Codification Systématique » de 1948

Le Comité central d’enquête sur le coût et le rendement des services publics est notamment à l’origine d’un décret, signé le 10 mai 1948, dont l’objectif est de procéder à un vaste travail de codification du droit français.

Robert Schuman, président du Conseil et signataire du décret de 1948
Robert Schuman, président du Conseil et signataire du décret de 1948

La codification est alors conçue comme un élément de réforme administrative et d’amélioration de l’efficacité de l’administration. C’est d’ailleurs un inspecteur général des finances, M. Gabriel Ardant, qui est nommé premier rapporteur de la commission.

Cette réforme débouchera sur une quarantaine de codes, sur des domaines souvent importants :

⁃ Assurances

⁃ Aviation civile

⁃ Postes et télécommunications

⁃ Famille et aide sociale

⁃ Mutualité

⁃ Santé publique

⁃ Sécurité sociale

⁃ Communes

⁃ Domaines de l’Etat

⁃ Construction et habitation

⁃ Électoral

⁃ Voirie routière

⁃ Marchés publics

Une Nouvelle Vague de Codification au nom de la Sécurité Juridique

Le Conseil d’Etat publie en 1991 une étude sur la sécurité juridique. Le président de la section du rapport et des études, Guy Braibant, s’inquiète alors publiquement de ce qu’il considère être une détérioration de la qualité de la norme :

« En matière juridique, je crois que l’essentiel est que le droit soit clair, précis et traduit dans les textes (…) La solution que nous avons le plus développée pour améliorer la qualité de la norme, c’est la codification. »

Le décret du 10 mai 1948 évoquait la « simplification » du droit ; celui de 1989 ajoute la « clarification ».

On ne parle pas encore d’intelligibilité, ni d’accessibilité de la norme. Toutefois, la codification est conçue d’abord pour le citoyen.

À cette différence des objectifs, s’ajoute une évolution institutionnelle : la codification est désormais administrative et non plus parlementaire.

Pour marquer l’importance de ce nouvel élan de codification, la nouvelle commission de 1989 est placée sous l’autorité du Premier ministre Michel Rocard, parmi les services du Secrétariat général du gouvernement.

Par © European Union, 1998 – 2025, Attribution, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=164945739
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Certaines lois demeurent toutefois incompatibles avec l’œuvre de codification, par leur importance historique et leur cohérence interne :

  1. Expression de Daniel Labetoulle.
  2. Propos de Guy Braibant.

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